Le côté allemand était représenté par la ministre-présidente Anke Rehlinger, le ministre d’État Timon Gremmels, la ministre Bettina Martin, le conseiller d’État Björn Tschöpe, la secrétaire d’État Friederike Haase et le secrétaire d’État David Lindemann.
À l’issue d’échanges intenses, Mme Anke Rehlinger, présidente du groupe d’amitié du Bundesrat et ministre-présidente de Sarre, a constaté que « la coopération franco-allemande est cruciale pour l’Europe, particulièrement quand les temps sont durs. Nos rencontres promeuvent une meilleure compréhension du point de vue de l’autre. Cette compréhension est essentielle pour atteindre des compromis et afin de pouvoir avancer ensemble. »
Le président du groupe d’amitié du Sénat, sénateur Ronan Le Gleut, a lui aussi souligné l’importance des rencontres parlementaires : « Plus que jamais, l’Europe a besoin d’un couple franco-allemand qui regarde en face les défis communs auxquels nous sommes confrontés et surtout qui trouve des solutions concrètes pour le quotidien de nos concitoyens. Nos travaux y contribuent à travers une meilleure compréhension mutuelle et un dialogue fluide et permanent. »
Sources d’énergie renouvelables

Membres du groupe d’amitié du Bundesrat avec le président du groupe d’amitié du Sénat
© Bundesrat
Lors de leur première séance de travail, les membres des groupes d’amitié se sont penchés sur le sujet des technologies de l’hydrogène. Mme Rehlinger a tenu le discours d’ouverture et souligné que « l’hydrogène est l’une des clés de l’avenir de l’industrie de notre continent. Nos sites de production ont besoin de sources d’énergie renouvelables et de tarifs énergétiques compétitifs au niveau international pour continuer d’exister, au sens d’une souveraineté européenne. »
Les sénatrices et les sénateurs, ainsi que les membres du Bundesrat, ont souligné la nécessité d’une infrastructure de l’hydrogène commune en Europe et se sont accordés sur le fait que les opinions divergentes en Allemagne et en France – par exemple au sujet de l’hydrogène d’origine nucléaire – ne devaient pas entraver les progrès communs.
Évocation de la politique frontalière et migratoire
Le débat sur l’actualité de la politique frontalière et migratoire a surtout porté sur la décision allemande d’introduire des contrôles frontaliers incluant la frontière franco-allemande. Les deux parties ont regretté que la situation sécuritaire actuelle ait mené à de telles mesures – une évolution particulièrement triste à moins d’un an du 40e anniversaire du Traité de Schengen. Les deux parties misent cependant sur l’application de la réforme du régime d’asile européen commun (RAEC) pour faire en sorte que ce type de contrôles aux frontières appartienne de nouveau au passé.
Investissements dans les infrastructures et les processus de restructuration industriels
En ce qui concerne l’industrie et les compétitivités, les sénatrices et les sénateurs, ainsi que les membres du Bundesrat, sont convenus qu’il ne s’agissait pas d’une concurrence intereuropéenne, mais bien de la survie du site industriel européen face à la concurrence des États-Unis et de la Chine.
Comme dans le cas de nombreux autres défis auxquels l’UE fait face, il est essentiel, là encore, que l’Allemagne et la France coopèrent et adoptent une position sans équivoque. Bien que la situation de départ des deux pays soit différente en termes de politique budgétaire, il est indiscutable qu’il faille investir dans l’infrastructure et faire avancer le processus de restructuration des entreprises industrielles afin d’éviter une hausse des dépenses de transfert à moyen et long terme.
Intelligence artificielle et cybersécurité
Lors de la dernière séance de travail, les groupes d’amitié ont évoqué la coopération dans le domaine de l’IA. C’est la ministre Bettina Martin qui a tenu le discours d’ouverture de la séance. « Nous avons constaté que nous devions agir davantage si nous voulons éviter que l’Europe ne décroche de l‘évolution à l’échelon international. L’IA est aujourd’hui l’un des principaux moteurs d’innovation et de progrès économique. Il est donc crucial pour les sciences et la recherche européennes de jouer un rôle prépondérant dans le développement et l’application des technologies liées à l’IA. Nous nous sommes accordés pour dire que les grands défis dans le domaine de l’IA, y compris la question de la cybersécurité et du cadre juridique, ne pourront être relevés qu’à l’échelon européen, et que la France et l’Allemagne, deux nations disposant d’une recherche scientifique forte, jouent un rôle clé en la matière », a expliqué la ministre.
Renforcer la confiance en la démocratie
Outre les sujets prévus pour les séances de travail, la rencontre de cette année s’est concentrée sur les défis auxquels la démocratie est confrontée dans les deux pays. Lors d’un petit-déjeuner de travail avec le professeur Bertrand Matthieu, expert en droit constitutionnel, consacré à la situation tendue de la politique intérieure française, le débat a surtout porté sur le fait que les partis démocratiques ne puissent plus former de majorité sans inclure les franges extrémistes, dans un pays comme dans l’autre.
De l’avis des membres des deux groupes d’amitié, le plus grand défi de notre époque est de regagner la confiance des citoyennes et des citoyens en la démocratie. Mme Rehlinger s’est montrée convaincue que « la démocratie demande un effort, mais c’est un effort qui en vaut toujours la peine. Notre rôle est maintenant de faire en sorte que les ennemis de la démocratie dans nos pays ne puissent pas se servir d’elle pour l’éliminer. »